Le Burkina Faso: côté eau

Publié le par eautourduglobe

Le Burkina Faso n’est naturellement pas gâté côté eau. En effet, dans sa zone sahelienne notamment, il pleut au maximum 500 mm/an et selon les habitants, une année sur 3 est une année de sécheresse. De plus, il s’agit d’un pays d’Afrique de l’Ouest avec relativement peu de richesses souterraines. Cependant, on voit partout des initiatives très constructives du point de vue du maraichage, notamment avec des cultures de céréales (mais, sorgho, mil) en saison des pluie et de légumes en contre-saison (oignon, haricots verts, tomates, salades, pomme de terre, poivron,…). Ceci est certainement lié à un régime politique plutôt stable (le président est en poste depuis 25 ans !) et de très nombreuses ONG et associations étrangères qui investissent.

 

Etude de cas : Ouahigouya

Ouahigouya est une commune rurale située à 180 km au nord de Ouagadougou, la capitale du pays.


Présentation de la démarche

De même que pour la Guinée, nous avons décidé de prendre contact avec une association locale de manière à nous faciliter les démarches administratives et la prise de contact avec les populations rurales. Ainsi, l’Association Progressons Ensemble (APE), dont le thème principal est le maraichage, nous a concocté un programme de visite des villages de la commune. Malheureusement, ce programme n’a pu être entièrement réalisé du fait d’une mésentente avec l’association (voir côté voyage). Le tableau ci-dessous résume les activités effectuées lors de notre séjour :

 

 

Activités

Jour 1

Présentation aux autorités locales (gouverneur)

Jour 2

Visite des activités maraichère de l’association et visite de villages

Jour3

Visite de villages et d’une zone non lotie de Ouahigouya

 

2.       Résultats

De même qu’en Guinée, les traditions sont encore bien encrées et ce sont les femmes qui gèrent l’eau.

 

  • ·         Zone rurale

Ici, tous les villages sont munis de puits et forages, voir de réseaux. Pour l’anecdote, le village de 534 habitants que nous avons visité possède 4 forages et 6 puits traditionnels. L’objectif de 300 personnes/forage est ici largement atteint. Cependant, la plupart des puits sont traditionnels et non munis de margelle, ce qui entraine une possible pollution, diminuant la qualité de l’eau. De plus, il n’existe pas de traitement contre les nitrates et pesticides utilisés pour l’agriculture et qui peuvent se retrouver dans l’eau.

Vu la localisation de Ouahigouya en zone sahelienne, le niveau piézométrique des nappes fluctue beaucoup entre saison des pluies et saison sèche. En conséquence, lorsque les puits tarissent en mai-juin, les populations doivent couvrir davantage de distance pour aller jusqu’à un forage pérenne ou les files d’attente s’allongent. De ce fait, la quantité d’eau consommé diminue drastiquement de 20 à 10 l/j/personne (car le temps consacré à la recherche de l’eau est trop important – les femmes ne peuvent plus faire que 2 voyages/jour au lieu de 4). C’est donc tout le rythme ménager qui se modifie avec par exemple la réduction du nombre de lessive (on passe de 2 à 1 par semaine).

 

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Problèmes manifestes de qualité à Bobo Dioulasso

 

 

La gestion des points d’eau


En milieu rural, l’approvisionnement en eau potable est assuré par l’intermédiaire de comités

de points d’eau et des associations d’usagers de l’eau.


Le comité de point d'eau (CPE) gère un seul point d'eau moderne (PEM) de type forage. Le CPE est une structure de gestion formée des gens du quartier où se situe le point d’eau et qui doit assurer:

·         -  la maintenance des ouvrages,

·       -  la vente de l’eau et la constitution d’une cagnotte par la mise en place d’un système de paiement de l’eau :

Ø    au volume (par bassine remplies)

Ø   par des cotisations régulières (par exemple 25  francs pour les femmes et 50 francs pour les hommes par mois dans un village visité)

Ø  Par la constitution d’un champ maraicher commun dont les recettes sont mises   dans la cagnotte

·         - le respect des règles d’hygiène et d’assainissement autour des points d’eau.

 

L'association d'usagers de l'eau (AUE) est une structure locale qui regroupe tous les usagers de l'eau au niveau d'un village. Elle gère donc l'ensemble des PEM du village, qui étaient auparavant individuellement gérés par un CPE. Les CPE subsistent mais sont désormais mandatés par l'AUE pour exploiter leur(s) PEM. L'objectif recherché est une rationalisation et une meilleure efficacité.


 

  • ·         Zones péri-urbaines non loties
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Ce sont des zones en périphérie des grandes villes qui ne bénéficient d’aucun plan d’aménagement. Par conséquent, ce zones ne sont desservies ni par l’eau ni par l’électricité et les habitants vivent dans le provisoire… qui peut durer longtemps.

Lors de la visite d’une de ces zones, nous avons constatés les faits suivants :

o   Les habitants ont aménagé eux-mêmes des puits dans leur cour

o   Le niveau d’eau varie beaucoup d’une saison à l’autre : de -9 m en saison sèche à  -1 m en saison des pluies, ce qui pause des problèmes de connexion entre les fosses des latrines et les puits

o   Pour améliorer la qualité de l’eau, les habitants versent des cuillères de javel directement dans les puits, ce qui tue, selon leur dire, les parasites. Nous restons tout de même perplexes.

 

La gestion de l'eau au Burkina Faso est un processus en évolution perpétuelle, en témoigne la réforme actuelle qui vise notamment à améliorer la gestion et la pérennité des points d'eau.

Malgré la diminution graduelle des réserves hydriques depuis une cinquantaine d'année (liée notamment au changement climatique et à l'avancée du desert), le Burkina a su mettre à profit le peu d'eau disponible via des infrastructures plutôt classiques (forages, barrages, puits..) mais nombreuses. Néanmoins, cet équilibre précaire peut être fragilisé à tout moment par des sécheresses menaçant la sécurité alimentaire (comme en 2011).

Publié dans Eau

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V
J'ai hâte de lire le rapport sur le Mozambique, à moins qu'il existe déjà? Je ne l'ai malheureusement pas trouvé sur votre blog.
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